mercredi 17 septembre 2014

Mon parcours scolaire

J'ai eu un parcours scolaire relativement atypique, et je connais relativement bien le système actuellement en place en Belgique. Voici comment je me suis retrouver, par phénomène de cause à effet, au point où j'en suis.

Mon parcours

Pour situer un peu mon parcours, j'ai commencé l'école Maternelle légèrement en retard. Étant né en Janvier, j'étais parmi les élèves les plus vieux de ma classe, et cela m'a certainement donné un avantage dans les plus jeunes années. J'étais inscrit dans une bonne école, dans ma ville. J'y allais à pied. J'ai continué en Primaire dans la même bonne école. J'avais un look remarquable, et j'ai connu le bullying. J'avais assez peu d'amis, et cela avait pour cause et/ou conséquence sur mes résultats que je n'ai (presque) jamais eu moins de 90 % de moyenne en Primaire, et cela sans faire d'efforts particuliers.

J'avais néanmoins tendance à commencer mon année avec d'excellents résultats, puis de progressivement diminuer la note au long de l'année, dénotant déjà mon total désintérêt pour l'acharnement scolaire. Mes seules motivations pour travailler étaient les récompenses (une pièce de 20 Francs) lorsque je ramenais un 10/10, et la compétition qu'il y avait entre moi et les autres têtes pensantes de la classe. En sixième, mes deux derniers bulletins avaient une moyenne de 89 %, annonçant déjà la couleur pour la suite.

En passant en Secondaire, j'ai continué dans l'école associée à mon école Primaire, et cette école avait la réputation d'être très élitiste, préparant les élèves pour les meilleures universités. La même tendance s'est confirmé dès la première année, que j'ai commencé dans le haut et terminé dans le bas des 80 %. Il y avait eu, pour la première fois de ma vie, un gros chamboulement dans les classes, et mes amitiés ont quelque peu évolué. J'en ai profité pour modifier mon look, je me suis donné une attitude, et j'ai trouvé des amis qui m'ont donné confiance en moi. J'ai affirmé ma personnalité et mes centres d'intérêt avec eux, et l'école n'en faisait définitivement pas partie.

Mes amis étaient, pour la plupart, aussi intelligents que moi, mais pas aussi disciplinés. Le peu d'efforts que je fournissais à l'école a, dès lors, très vite disparu, et je ne me reposai que sur mes seules capacités à comprendre et assimiler rapidement, sans réelle étude ni travail. J'ai également commencé à suivre l'option Dessin. L'école n'était plus que le lieu de rencontre de mes amis, et je ne me posais pas plus de questions que ça vis-à-vis de mon orientation: je continuais comme prévu, sans savoir à quoi cela allait me mener.

En deuxième année, la moyenne de mon bulletin est descendue à 70 %, puis à 60 % en troisième. Cette année là, l'option Dessin n'était plus disponible, et j'ai entrepris de rajouter une troisième langue à mon cursus, portant la base de mon horaire à 4 heures de Français, 4 heures d'Anglais, 4 heures de Néerlandais, 6 heures de Math et 6 heures de Sciences. J'aimais bien ces matières parce que j'étais fort dedans, et je n'avais pas besoin de travailler pour réussir. Mon père continuait de désespérer de voir mes notes chuter, et mes professeurs continuaient de dire que je pourrais faire tellement plus si je voulais. Mais je ne voulais pas, et j'attends avec impatience le jour où je pourrai écrire une lettre expliquant ma réussite sans concession à cette prof de Français qui m'avait hurlé que je n'arriverai jamais à rien dans la vie.

Changer d'école

Le problème, c'est que mes amis n'ont pas aussi bien supporté que moi ce régime élitiste, mon meilleur ami allait se réorienter en hôtellerie, et, à la fin de la troisième, je savais que j'allais me retrouver tout seul dans l'année suivante, avec pour seuls camarades de classe les gens qui me bullyaient.

Ces gens là avaient un avenir tout tracé: ils étaient ceux qui avaient les plus jolies filles, allaient faire le droit ou la médecine, réussir sans doubler malgré les soirées bien arrosées de Louvain-la-Neuve, partir quelques années faire du bénévolat à l'étranger, fonder une famille avant d'avoir trente ans et vivre riches et heureux en votant à droite tous les quatre ans. J'aurais bien aimé faire partie de cette élite, pour ne pas avoir à me poser de questions, mais ce n'était pas le cas, même si j'aurais pu si j'avais voulu.

J'ai donc voulu changer d'école, principalement pour me faire de nouveaux amis. Si j'avais pu, j'aurais déjà arrêté l'école, mais c'était hors de question. C'était aussi l'occasion d'essayer quelque chose de différent. J'ai hésité entre une orientation en Arts et une en Sports. J'ai choisi les Arts, car je faisais déjà énormément de sports à côté de l'école, et j'allais continuer ce que j'avais commencé en option Dessin. Mon premier choix s'était porté sur une option en Technique de Qualification, dans une école qui ne proposait que ça et dont les élèves, à la moyenne d'âge largement au-dessus de la normale, ne font pas grand chose de leur vie. Je voulais déjà arrêter l'école, en somme. Pour mon père, c'était hors de question, car il n'y avait pas suffisamment d'heures de Math. J'ai donc atterri, dans une école qui proposait des dizaines de formations différentes, en Technique de Transition.

L'enseignement Secondaire

En deux mots, pour ceux qui ne savent pas, vous êtes probablement (ou avez été) dans l'enseignement Général, le plus répandu, qui offre la formation la plus théorique et large de toutes. Dans le Technique de Transition, il y a la même base de cours théoriques, mais les cours à option sont centrés sur une seule thématique, comme les Arts ou les Sports. Pas de troisième langue ou de Sciences fortes, donc. Le diplôme obtenu est exactement le même, le CESS (Certificat d'Études Secondaires Supérieures), avec une mention différente des options. On attend à priori des élèves qui suivent ces voient de continuer à l'université ou dans une haute-école.

Dans le Technique de Qualification, la base théorique est réduite pour laisser d'avantage de temps aux cours à option. On y obtient un Certificat de Qualificationen plus du CESS (qui, selon les options (mais pas en Arts) peut demander une septième année). Il en va de même dans le Professionnel, où les cours théoriques sont très réduits et les cours pratiques beaucoup plus poussés. On peut directement commencer à travailler en sortant (voire avant) de ces études, et si on poursuit plus tard, c'est avec une solide base pratique.

Je suis donc arrivé dans ma nouvelle école, en Arts, et je me suis très rapidement fait de nouveaux amis. J'aimais énormément mon nouveau cadre, et l'école était devenue un véritable plaisir, même si je passais le plus clair du temps en classe à dormir, car le niveau n'était pas le même que dans mon ancienne école. Le temps là-bas est passé excessivement vite, mais j'ai eu le temps de voir cohabiter des gens comme moi, en Technique de Transition, avec des gens en Général, en Technique de Qualification, et en Professionnel.

J'ai, depuis, été témoin d'autres systèmes encore, ayant un frère qui a été dans l'enseignement Spécial, pour les élèves qui n'ont pas pu obtenir leur CEB (Certificat d'Études de Base, qu'on obtient normalement en Primaire) et une sœur ayant été dans l'enseignement Différencié, pour les élèves qui suivent un cursus à peu près normal mais trop âgés que pour être dans l'année où ils sont sensé être.

J'en ai vu changer de système, dans un sens ou dans l'autre, et j'en ai vu forcer le système autant qu'ils pouvaient, en redoublant à l'infini pour obtenir l'option qu'on leur refusait autrement. J'ai vu des gens faire des passerelles et des années complémentaires, j'ai vu des gens rattraper leur retard pour passer de l'enseignement Différencié à l'enseignement Ordinaire, ou se battre pour obtenir leur CEB dans l'enseignement Spécial.

Et après ?

Puis, j'ai obtenu mon diplôme. Je ne savais pas quoi faire, mais je savais que je voulais vivre à Bruxelles, à la fois pour m'éloigner du cercle familial et parce que j'aime cette ville. Un fille de ma classe allait s'inscrire à Saint-Luc, en Illustration. Son copain, mon meilleur ami, la suivi, dans la même option. Ne sachant pas quoi faire d'autre, je décidai de les suivre également, dans la même école mais en option Graphisme, ayant plus d'affinités avec les publications numériques que les livres. J'aurais pu arrêter d'étudier, mais c'était malgré tout plus simple de continuer.

J'ai rapidement été débouté, puisque j'ai raté mon examen d'entrée. C'était la première fois que je ratais un examen de ma vie. N'ayant pas de plan B, aucune idée de quoi faire, et devant prendre une décision le plus rapidement possible, je me suis inscrit aux examens d'entrée d'une autre école. L'examen d'entrée de l'option Graphisme ayant tout de même déçu mes attentes par rapport à ce que je pensais que ce serait, j'ai changé d'avis pour l'option Illustration, n'ayant pas d'autre inspiration.

J'ai réussi ce second examen d'entrée, probablement grâce à un bon coup de supplication lors de mon entretien personnel, et je me retrouvais donc dans une école que j'avais choisi dans l'urgence et dans une option choisie arbitrairement, même si ce choix allait s'avérer très enrichissant, avec le recul.

L'enseignement Supérieur

Pour ceux qui ne savent pas exactement, il y a également plusieurs types d'enseignement supérieurs. À l'université, les cours sont essentiellement théoriques, éventuellement accompagnés de stages et de rédaction de thèses; en haute-école, une bonne part des cours est laissée à la pratique. Il y a également des systèmes de formation en entreprise, par exemple, et des écoles privées, non reconnues.

De manière générale, les universités et les hautes écoles dispensent les mêmes diplômes, selon la filière choisie : Bachelier en trois ans, Master en deux ans, Doctorat en deux ans. Obtenir un Bachelier ouvre le droit à l'inscription en Master, si les compétences pré-requises sont prouvées, et un Master ouvre le droit à l'inscription en Doctorat; je passe les détails du fonctionnement de l'enseignement Supérieur. Les diplômes ne se valent néanmoins pas tous. Par exemple, on peut passer un Master spécial pour devenir enseignant dans l'enseignement Secondaire. En haute école, on distingue aussi l'enseignement de Type Court et l'enseignement de Type Long.

Dans le Type Court, les cours sont très axés vers l'offre du marché du travail, et des professionnels sont formés. On y obtient un Bachelier Professionnalisant, permettant théoriquement de travailler directement après l'avoir obtenu. Dans le Type Long, le Bachelier est sensé être suivi par un Master, au minimum. Un élève qui obtient un Master est, évidement, plus diplômé qu'un autre qui aurait obtenu un Bachelier Professionnalisant, mais celui qui n'obtient que le Bachelier du Type Long, sans le Master qui suit (c'est mon cas), a théoriquement moins d'acquis pratiques que celui qui aurait obtenu un Bachelier Professionnalisant dans le Type Court, puisque la formation n'est pas terminée. Les hautes écoles dispensant un enseignement de Type Long sont généralement dites de niveau universitaire.

Pour quoi faire plus tard ?

J'étais donc reparti pour cinq ans minimum, dans une haute école de niveau universitaire, et peut-être pour devenir Docteur en Arts; avec le spectre de la réussite de mon père, deux fois distingué en Master d’Ingénierie Civile (des Mines et du Génie Nucléaire) à la fin de ses études, flottant au dessus de moi alors que je ne savais toujours pas quoi faire de ma vie.

La question de savoir ce que j'allais faire de ma vie a toujours, pour autant que je me souvienne, été secondaire. Petit, je ne rêvais pas de devenir pompier, policier, médecin ou astronaute. Je savais que tout ça ne m'intéressait pas maintenant, et que je déciderai plus tard.

Dans mon adolescence, j'ai développé ma philosophie, et j'ai su que je ferai toujours le maximum pour aider un maximum de personnes possible, parce que c'est tout ce qui compte. J'ai su aussi que je ne me laisserai jamais exploiter ni discriminer de quelque façon que ce soit, je voulais déjà être en mesure de pouvoir négocier tous les termes de mes contrats, pouvoir porter les vêtement que je veux et garder mes bracelets de festival. Cela s'est étendu par la suite aux piercings et aux tatouages visibles. Et je savais que je ne ferai que quelque chose que j'aime vraiment, pour ne jamais avoir l'impression de travailler, et que je voulais ne pas être oublié.

Quand j'ai lancé mon premier groupe, l'idée à germé de faire en sorte de pouvoir vivre de la musique, mais l'opportunité de s'est jamais vraiment présentée et nous n'étions pas assez sérieux que pour forcer le destin (ce n'était pas la volonté des autres membres du groupe). J'ai eu, pendant un temps, l'idée de devenir luthier, mais cela ne m'a jamais véritablement passionné et le manque de débouché a enterré cette idée.

En première année de Supérieur, un de mes profs nous a encouragé à réfléchir sur le sens de l'Art dans la société. En quoi faire de l'Art est-il utile / important ? Ne vaudrait-il mieux pas partir en mission humanitaire ou s'engager dans la Croix Rouge ? La réponse, pour moi, a été très compliquée à justifier. J'ai fini par me dire que si je voulais, par égoïsme, faire de l'Art (de la musique), ou quoi que ce soit d'autre d'ailleurs, il fallait absolument que cela aide les gens. Toujours est-il que je ne savais pas quoi faire, et je ne me voyais pas devenir illustrateur, même si les études me plaisaient.

Mon parcours en Supérieur

En Supérieur, j'ai également été témoin de pas mal de parcours atypiques. Rien qu'au sein de ma classe, j'ai, par exemple, fais de la musique pure dans des projets d'illustration. J'ai vu des professeurs donner cours sans diplôme, voire en étant encore étudiant. J'ai vu des gens partir à l'autre bout du monde et d'autres arriver dans notre petit pays, juste pour aller suivre le cours dont ils avaient envie. J'ai vu des gens sauter les étapes et cumuler les diplômes, j'en ai vu d'autres rater quatre années en cinq ans avant d'arrêter les frais. J'en ai vu recommencer des études de zéro juste avant de recevoir leur diplôme, après avoir enfin trouvé ce qu'ils voulaient faire de leur vie, j'en ai vu cumuler les petits boulots et dormir chez les amis faute de chez-soi pour réussir à joindre les deux bouts sans abandonner les études, et j'en ai vu commencer à travailler sans avoir trouvé leur voie.

Pour ma part, j'ai subi l'inimitié de ma professeure principale en première, qui m'a fait rater mon année (même si je n'avais pas cartonné dans les matières théoriques). J'ai recommencé, et j'ai commencé à cirer des pompes pour obtenir ce que je voulais. Il n'y a jamais rien eu d'amoral, je pense, de ma part, mais le fait de feindre des intérêts communs avec ceux des profs m'a assuré des jurys brillants et des amitiés qui mirent en échec l'hostilité de ma prof principale, qui n'entendait pas me laisser réussir. Je profitai de mes dispenses pour prendre des cours de Néerlandais, je réussi les cours théoriques qui me manquaient, et j'ai été délibéré pour l'échec que ma prof principale m'avait à nouveau imposé.

À ce moment, j'ai du voir quelque part une publicité pour SAE, une école privée et réputée d'Ingénierie Sonore. J'ai vu en cela un moyen pratique et concret de réussir à vivre de la musique, et une bonne alternative à cette école qui commençait à me stresser vachement, avec cette prof qui s'acharnait sur moi et tous ces cours théoriques dont je n'avais que faire. Le problème, c'était que l'école était privée, et donc chère. Mon père n'était pas opposé à l'idée, mais m'a bien fait comprendre qu'il aurait alors fallu que j'assure à fond, parce qu'un tel investissement aurait été très compliqué à mettre en place. J'ai donc décidé de garder l'idée de côté, de potasser le domaine de l'Ingénierie Sonore de mon côté, et de continuer mes études en cours sans poser de question, comme je l'avais toujours fais jusque là, jusqu'à être vraiment sûr de mon coup.

En deuxième, l'option Illustration a été regroupée avec l'option Bande Dessinée, pour devenir la Narration Graphique. J'ai également pu prendre une seconde option (un stage), en Vidéo. Je me suis tellement motivé que j'ai cartonné tous mes projets pratiques au point que la délibération a fait sauter les quelques échecs que j'avais dans les cours théoriques, et je suis passé sans examens de passage. À la fin de l'année, j'ai ouvert un petit home-studio, avec l'espoir de trouver quelques clients à enregistrer gratuitement, pour m’entraîner et apprendre sur le tas.

En troisième, j'ai fais devenir la Vidéo mon option principale, qui me plaisait plus que la Narration Graphique, qui est alors devenue mon stage. Et je n'ai absolument rien foutu de mon année, où j'étais sensé produire un travail personnel complètement autonome, pour prouver que j'étais capable de mener un projet de A à Z. Ne sachant pas quoi faire de ma vie, je ne savais pas quoi faire comme projet. Je savais pourtant que j'étais capable de le faire, mais je n'avais pas la motivation nécessaire pour le prouver, je n'en voyais pas l'intérêt.

À force de cirage de bottes, j'ai réussi a passer le jury de Janvier en arrivant les mains vides. Je me suis concentré sur les cours théoriques, et j'ai présenté un projet, plutôt qu'une réalisation finie, à mon jury final, que j'ai raté (la prof qui s'acharnait sur moi en faisait partie). Mais j'ai tout de même été délibéré, et j'ai eu mon diplôme de Bachelier en Arts Plastiques et Visuels de l'Espace. Ce que j'ai fais ensuite est expliqué ici.

Choisir de ne pas continuer

J'en avais marre de l'école, depuis trop longtemps. J'en avais également marre de cette école, dont j'avais fais le tour et que j'avais cerné au point de pouvoir réussir en faisant bien moins que le minimum. Ça avait tout de même été extrêmement stressant comme dernière année, n'ayant jamais aucune certitude de ce qui m'attendait. Et surtout, j'avais trouvé une place de stagiaire dans un studio d'enregistrement à côté de chez moi, et je commençais sérieusement à envisager de travailler là. Un autre stagiaire du studio avait fait la SAE, et je m'en sortais tout aussi bien que lui en apprenant sur le tas, même s'il avait de solides bases théoriques que je n'avais pas. Mon idée générale de l'école était définitivement faite: j'en avais marre de perdre mon temps; et si je n'avais pas été délibéré, je pense que je n'aurais pas recommencé juste pour aller chercher ce diplôme, tout comme je n'ai pas été chercher le Master qui suivait mon Bachelier. J'avais trouvé une voie qui me convenait, je n'avais plus de raison de rester à l'école.

J'avais souvent pensé à arrêter, surtout sur la dernière année. Mais tout le monde croyait en moi et me poussait à continuer. Je suis très reconnaissant pour cette confiance qu'on m'a accordé, ça m'a donné des ailes à certains moments difficiles, mais le diplôme a plus été une libération qu'une récompense.

Diplômé, mérité ?

Je dis que j'ai ciré beaucoup de bottes. C'est un problème que je me pose à moi-même, car je ne suis pas particulièrement fier de la manière dont j'ai obtenu mon diplôme. Je n'ai pas eu de grande distinction que je ne devrais qu'à mon travail acharné. Mais je pense qu'il n'y a aucun diplôme dont j'aurai pu être fier. Une fille avec un décolleté qui réussit mieux qu'un garçon, un élève en costume qui réussit mieux qu'un élève mal rasé, un francophone qui réussit mieux qu'un élève en Erasmus, un élève intelligent qui réussit mieux qu'un élève qui étudie jour et nuit, les injustices sont omniprésentes dans le milieu.

Je n'ai jamais mis de costume pour mes examens oraux, et je n'ai jamais rien dis que je ne pensais pas. J'ai parfois évité de dire ce que je pensais, oui. J'ai réussi mes secondaires sans étudier, oui. J'ai été au restaurant et j'ai fais de la musique avec des profs, oui. J'ai expliqué que si j'avais eu un peu plus de temps, j'aurais fais exactement ce qu'ils attendaient de moi, preuves fabriquées à l'appui, oui. Voilà. Ais-je moins de mérite ? Non. Personne n'a de mérite à avoir un diplôme. Moi, j'avais appris ce que je voulais apprendre, ça me suffisait, ça suffisait à mes profs. C'est comme ça que ça devrait être partout.

Pourquoi avoir continué ?

L'envie de me lancer dans l'Ingénierie Sonore n'est pas sortie de nul part. Je fais de la musique depuis que j'ai 13 ans, j'en écoute depuis toujours. Devenir une rock star a toujours été un rêve plus attractif pour moi que devenir pompier, même si je ne l'ai pas envisagé dès mon enfance. J'en ai rêvé depuis que j'ai lancé mon premier groupe. Je ne m'y suis pas forcément bien pris dès le début, et c'est un rêve difficile à atteindre. Pourtant, je m'y accroche, et devenir ingénieur du son m'est apparu comme étant l'opportunité la plus concrète que la société actuelle pouvait m'offrir pour y parvenir. Il ne s'agit pas d'un choix par dépit ou arbitraire, j'aime cette orientation que je me suis choisi, même si c'est la vie qui m'a amené à faire ce choix par cause à effet.

Je reviens brièvement sur l'idée que je continue systématiquement mes études en Arts, sans me poser de question. J'ai toujours dessiné, depuis que je suis tout petit. J'ai suivi beaucoup de stages dans des musées, et je connaissais les grandes lignes de l'Histoire de l'Art avant d'entrer en Primaire. L'option Dessin que j'ai pris dans ma première école Secondaire m'a montré ce que c'était que de travailler en atelier, et j'aimais ça. Ne pas avoir cette option pendant un an a été un manque pour moi, et j'étais très heureux de pouvoir passer en Arts, même avec aussi peu d'heures qu'en Technique de Transition. J'en voulais plus, moi. Arrivé au moment de choisir mon orientation en Supérieur, il n'y avait rien qui me motivait, à part les Arts et la musique. C'était la suite logique que de continuer, mais c'était également voulu. Il y a bien d'autres choses que j'aime, j'aurais pu être heureux en faisant autre chose, mais c'est ça que j'ai choisi !

Ceux qui diront que c'est triste d'avoir fait les Arts par manque de motivation se trompent. L'orientation en Arts était la seule logique pour moi, la seule dont le contenu des cours me permettait de m'épanouir. C'est le fait de choisir de continuer mes études qui a été fait par habitude, sans poser de question. Quand à la prof qui s'acharnait sur moi, je n'étais pas le seul dans le cas. Non, elle ne faisait pas bien son travail, et pour preuve, elle a été suspendue pour faute grave toute l'année qui suivi ma seconde première. Ceux qui diront que c'est triste de réussir en ne faisant rien n'ont probablement pas compris ce dont je parle ici. Je n'ai pas rien fais. Je n'ai simplement pas eu envie de prouver, à travers un jury, que je pouvais faire ce qu'on attendait de moi. Moi, j'avais compris, je le savais, et ça me suffisait amplement. J'ai parfaitement compris ce que l'école avait à m'apprendre sur la nature de l'Art, et je l'ai compris au point que mes professeurs l'ont vu et ont décidé que me faire recommencer une année juste pour mettre la forme à mon projet et passer un examen n'avait aucun sens. Eux, aussi, ont compris qu'un diplôme ne sert à rien.

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