mardi 8 juillet 2014

La préactivité

Le 14 Juin 2013, j'ai donc passé mon dernier jury à l'ERG. Cela marquait la fin d'une période de travail très intensif pour moi, pour pouvoir présenter à temps un TFE potable. Puis, je me suis renseigné sur la manière dont fonctionne le système. Et puis ?

Au 14 Juin 2013, l'année n'était pas officiellement terminée, cela dit. Je n'étais en vacances qu'à partir de Juillet, à condition d'avoir réussi. Les résultats ont été annoncés le 27 Juin 2013, mais je n'ai pu confirmer que j'avais réussi mon bachelier que le 1er Juillet 2013, au retour du Graspop. Un camp scout, un job étudiant, quelques jours en studio et quelques jours de repos dont j'avais bien besoin plus tard, mon mois de Juillet est passé sans que je me soucie trop de toutes ces brochures qui me conseillaient de m'inscrire comme demandeur d'emploi au plus vite.

Les premières réflexions


Puis j'ai quand même décidé de mettre à jour les quelques connaissances que j'avais sur les démarches à entreprendre. Ça n'a pas été difficile de trouver l'information, car je l'avais reçu de chacun des trois syndicats principaux qui voulaient me recruter ainsi que du Forem (équivalent à Actiris pour Bruxelles), et j'ai pu recouper les informations avec plusieurs sites de la Région et de l'État Fédéral. Ces lois étaient tout à fait nouvelles et j'allais être parmi les premiers à fonctionner sous ce régime (ça a d'ailleurs fait un pseudo scandale quelques mois après quand ça a commencé à entrer en application), mais je ne le savais pas et tout me semble parfaitement honnête.

Ça disait que maintenant que je ne suis plus étudiant, j'allais pouvoir recevoir de l'aide pour trouver un travail, que si on estime que j'ai bien cherché mais que je ne parviens quand même pas à trouver on allait pas me laisser mourir de faim, et que tout ce que j'avais à faire pour recevoir cette aide, c'était de m'inscrire comme demandeur d'emploi et de chercher du travail. Honnête. Vive la Belgique ! Pour ceux qui veulent plus de détail, voyez mon précédant billet.

Le 5 Août 2013, je me suis donc inscrit comme demandeur d'emploi. Je pensais que j'avais déjà un mois de retard, mais comme les inscriptions qui ont lieu avant le 1er Août ne font commencer le stage d'insertion qu'à cette date, je n'avais que 5 jours de retard. Je sais donc que mon stage d'insertion se terminera au plus tôt le 29 Juillet 2014 (après 310 jours ouvrables).

À ce moment là, ça faisait environ un an que j'étais stagiaire au studio GoldFingers à Bruxelles, en parallèle de mon petit studio amateur dans la cave chez mes parents et de mes études. J'ai beaucoup travaillé là pour me former, car il y avait à l'époque une possibilité pour que je puisse être engagé comme assistant. Je savais que je pouvais me permettre de pendre un ou deux mois de réflexion sans réellement chercher de travail, donc j'ai passé le plus clair de mon temps au mois d'Août à travailler au studio pour démontrer ma détermination et discuter des possibilités concrètes de contrat.

Il  s'agit d'un petit studio, très professionnel et bien établi à Bruxelles, qui pas mal grandit au cours des deux dernières années, mais qui reste centré sur un seul homme, sans structure légale. Ça compliquait pas mal les bidons pour concevoir un contrat, et finalement on est arrivé à la conclusion qu'il n'y avait de toute façon pas assez de travail à ma portée par rapport aux moyens financiers dont le studio disposait pour pouvoir m'engager. J'ai reçu une lettre du Forem, me convoquant le 9 Septembre 2013 pour un premier entretient informel (histoire de m'expliquer le déroulement du stage d'insertion et ce que l'on attendait de moi), et j'ai donc du commencé à réfléchir sérieusement à une autre solution. Je continuais néanmoins à travailler de temps en temps au studio en tant qu'assistant. J'ai vaguement déposé quelques CVs à droite, à gauche, en me disant que j'allais peut-être prendre un job temporaire en attendant de trouver une solution avec le studio, mais j'avais déjà une autre idée derrière la tête.

Devenir indépendant


En effet, depuis un peu plus d'un an, mon père, indépendant et gérant de plusieurs sociétés, essayait de me mettre en tête de suivre son exemple en créant ma société. Et de me filer pleins de tuyaux, et de me mettre en confiance en me démontrant que la manière dont j'avais géré mon ancien groupe (Strows) avait été très similaire à la manière dont on gère une société, etc. Ça ne m'enchantait pas spécialement de suivre les traces de mon père, mais ça restait une excellente option, compte tenu de mon objectif de vivre de la musique.

Je pouvais même faire d'une pierre deux coups. En effet, en commençant mes études, une des société que mon père gère avait acheté une petite maison à Bruxelles, pour y aménager des kots. Je louais un de ces kots depuis cinq ans (payé par mes parents), mais la maison avait du être remise en vente, et j'allais avoir la possibilité de la racheter (avec ma nouvelle société à venir) pour ne pas avoir à chercher un nouveau logement (ce qui aurait été particulièrement embêtant en cette période de transition et sans revenu). Comme j'étais le gestionnaire des kots sur place, c'est d'ailleurs moi qui ai été chargé de faire visiter ma propre maison à chaque fois que l'agence le demandait. Stopper cette situation allait m'alléger le cœur. Je reparlerai de cette société (l'immobilière qui possède la maison où je kote), donc, pour simplifier la suite, retenez son nom: Kots & stoK Services, abrégé KSS.

Je commence donc à recenser tous les studios d'enregistrement que je connais et que je trouve sur internet, afin d'analyser leurs comptes (en Belgique, les sociétés doivent publier leur bilan comptable une fois par an) pour évaluer l'investissement nécessaire, et le type de structure légale le plus courant pour déterminer quel type de société j'allais être amené à créer. Il ressortait grosso modo trois types de studios:

  • Les studios amateurs, où un ingé son, au mieux semi-pro, à vaguement traité acoustiquement son garage ou sa cave pour faire quelques enregistrements en noir;
  • Les petits studios, qui avaient investit à l'origine un budget entre 20.000 € et 50.000 €, fonctionnant sous forme de SPRL (parfois d'ASBL si le studio est à l'initiative d'une Maison de Jeunes, d'une commune ou d'une province), et qui sont neuf fois sur dix en difficulté financière après quelques années, parvenant à rester à flot mais sans pouvoir donner de rémunération au gérant (il y a probablement pas mal de noir à ce niveau également);
  • Les gros studios, qui avaient investit à l'origine un budget entre 50.000 € et 400.000 €, fonctionnant sous forme de SPRL, parfois de SA, et qui prospéraient en ayant la possibilité d'employer plusieurs ingénieurs son.

Cela confirme une règle générale en entrepreneuriat: il faut investir pour gagner de l'argent. Mais surtout, cela montre qu'au delà du budget investit, le fait de pouvoir se présenter comme un professionnel de haut niveau permet d'attirer les clients malgré la crise, sans avoir spécialement plus de compétence que dans les petits studios (un peu plus d'équipement et de confort, certes). La première catégorie de studios, les amateurs, ne m'intéresse pas. J'ai déjà un petit studio amateur, et il n'y a aucune chance de réussir à gagner sa vie à ce niveau. Je sais donc d'entrée de jeu qu'il va falloir viser le plus haut possible.

Un autre point intéressant qui ressort de cette analyse, c'est que dans 90 % des cas des studios travaillant en société (et plus particulièrement en SPRL), la société possède toutes le matériel, le terrain et le bâtiment le cas échéant, et le ou les gérants (les ingénieurs son) qui y travaillent sont indépendants, et reçoivent une rémunération de gérant qui peut varier d'un mois à l'autre, plutôt que d'être salarié. À priori, je me dirige donc déjà vers cette manière de fonctionner, même si je garde toutes les portes ouvertes à ce stade.

C'est en sachant cela que je vais à mon rendez-vous au Forem pour rencontrer la dame qui doit m'expliquer comment chercher du travail. Elle avait un peu peur en voyant mon profil d'artiste sans expérience, car ce secteur manque cruellement de débouchés, et elle était déjà prête à m'expliquer qu'il allait falloir que je fasse des concessions en acceptant un boulot qui n'est pas forcément celui dont je rêve pour pouvoir en trouver un. Elle était donc enchantée de constater que je ne rentrais pas dans les cases de son formulaire une fois que je lui ai expliqué mon projet, malgré le fait qu'il n'en soit qu'à ses balbutiements, et elle m'a laissé repartir en m'expliquant qu'on ne se reverrait pas avant un moment, puisque je n'avais pas vraiment besoin de suivi.

Une société, c'est quoi ?


J'ai alors entrepris de compléter les quelques connaissances que j'avais déjà sur le monde des entreprises, et je me suis décidé sur la forme de SPRL. Pour expliquer simplement, il s'agit d'une Société Privée (ou de Personnes) à Responsabilité Limitée. J'aime le concept de Société Privée, parce que j'entends créer quelque chose à taille humaine, avec des gens que je connais. D'autres formes de sociétés, comme la SA (Société Anonyme) sont plutôt orientées vers les grosses compagnies, dont le principal but est d'être rentable. C'est également mon but, mais tout de même. L'autre partie du nom, Responsabilité Limitée, indique que le ou les fondateurs de la société ne sont pas responsables en cas de faillite de celle-ci (avec certaines exceptions, notamment dans les trois premières années qui suivent la création).

Il faut en effet comprendre le principe d'une société (SPRL ou autre). Légalement, il s'agit d'une personne comme vous et moi. Elle a un nom et une adresse (le siège social) comme vous et moi, elle peut faire des choses (signer un contrat, par exemple) et posséder des choses et de l'argent comme vous et moi, et ce que la société possède n'appartient à personne d'autre, pas même ses fondateurs, de même que ce que possèdent les fondateurs n'appartient pas non plus à la société. Ce sont deux personnes différentes. L'humain est une personne physique, la société est une personne morale, simplement. Donc, si jamais la société fait faillite, moi, fondateur, en tant que personne physique, je ne risque pas de voir les huissiers débarquer chez moi pour embarquer les meubles et rembourser les dettes de la société, car ce sont deux choses différentes. Responsabilité Limitée. Pour bien comprendre les autres principes d'une société dans la suite de ce que je raconte, je vais préciser un peu plus.

Une société est créée à l'origine par les membres fondateurs. Pour une SPRL classique, il en faut normalement au minimum trois, mais on peut également le faire tout seul sous certaines conditions. Pour créer juridiquement la société, les fondateurs doivent rédiger des statuts, un document qui donne le nom, l'adresse (le siège social) et l'objet (la raison d'être) de la société. Dans mon cas, l'objet sera quelque chose du genre "Réalisation d'enregistrements sonores" (en résumé). Ces statuts doivent être déposés chez le notaire, qui rédige un acte constitutif qui sera publié au Moniteur Belge pour mettre légalement tous les Belges au courant de l'existence désormais officiellement de la société. Il doivent également inscrire la société pour recevoir un numéro de TVA, établir une prévision de comptes sur trois ans pour dire qu'à priori, l'activité de l'entreprise est viable, et ouvrir un compte en banque pour y verser le capital.

Le capital et les actions


Le capital d'une société, c'est simplement de l'argent que les fondateurs s'engagent à mettre à disposition de la société pour que celle-ci puisse fonctionner. Pour une SPRL classique, le capital minimum est de 18 550 €. Les fondateurs doivent s'engager à fournir cet argent dans les trois ans qui suivent la création, avec un minimum de 6200 € à la création. Une fois que l'argent a été donné à la société (on dit que le capital est libéré), la société en fait ce qu'elle veut pour son activité. On considère que la société à une dette envers les fondateurs, et ils reçoivent en échange de leur argent des actions. Attention, je parle ici d'une petite société, qui n'est pas cotée en bourse. Toutes les actions ne sont pas cotées en bourse. Ici, la valeur et le nombre des actions est déterminé dans les statuts.

Par exemple, disons qu'il y a trois fondateurs, qu'ils décident que le capital de la société est de 21 000 €, et qu'il y a 3000 actions, s'ils mettent chacun une part égale ils recevront chacun 1000 actions d'une valeur de 7 € par action. Concrètement, la valeur de l'action ne vaut rien, c'est purement symbolique et arbitraire, l'essentiel est qu'ils ont donné chacun 7000 € pour que la société puisse fonctionner et qu'ils possèdent chacun 1000 actions. Et comme les actions sont considérées comme une dette de la société, si un jour la société disparaît (pour cause de faillite ou parce qu'il a été décidé de la dissoudre), une fois que tout ce que la société possède aura été vendu et qu'il ne restera que de l'argent, cet argent sera partagé à part égale entre les trois fondateurs (si ils ont toujours un nombre égal d'actions), peu importe que le montant final soit de 21 000 € ou pas, car la valeur de la société, et donc des actions, change en fonction de ce qu'elle possède. À la fondation, la société possède donc deux choses: le capital, et une dette égale au capital envers les fondateurs. Ensuite, elle dépense son capital pour acheter des biens ou des services qui seront sensé rapporter plus d'argent.

Une autre notion importante liée aux actions est que le fait d'en posséder vous fait posséder une part de la société. On peut vendre ses actions à d'autres (et c'est ce qui se passe à la bourse, notamment), mais dans une SPRL il y a des conditions, qui garantissent que si je crée ma société avec mes deux meilleurs amis, l'un d'entre eux ne va pas revendre ses actions à un parfait inconnu qui aura un pied dans mon entreprise. C'est une Société Privée. D'une manière générale, tous les actionnaires peuvent représenter la société (c'est une personne, mais quand même, elle n'existe pas en vrai, donc il faut qu'une personne physique la représente), mais dans la pratique, chacun à son rôle. Le plus important est le rôle de gérant. Le gérant gère toutes les affaires courantes. Il est autorisé à prendre des décisions au nom de la société sans consulter tous les actionnaires d'abord, à condition d'agir en fonction de ce qui a été décidé collectivement. Ce qui se décide collectivement se décide généralement à la majorité simple.

Ainsi, le fait d'avoir plus de 50 % des actions d'une société permet de décider tout ce que la société fait. Et lors de l'assemblée générale, la majorité peut donner des directives au gérant (par exemple: "La société doit rechercher et acquérir un nouveau bâtiment pour ouvrir un studio d'enregistrement."). Le gérant peut alors prendre toutes les décisions qu'il veut dans cette optique, et s'engager à acheter un bâtiment au nom de la société quand il en aura trouvé un. En échange de son travail, il touche une rémunération, alors que les actionnaires ne touchent rien avant de liquider la société (et de se répartir les possessions de la société entre actionnaires) ou de revendre leurs actions. Le but d'un gérant est donc de mener la société vers son objectif, le but d'un actionnaire est d'investir dans la société puis de prendre des décisions pour que la société prenne de la valeur.

L'ASBL


Beaucoup de personnes me demandent pourquoi une SPRL plutôt qu'une ASBL. Probablement parce que beaucoup de monde a un jour pensé à créer une ASBL et s'est un peu renseigné, alors que peu de monde envisage de créer une société. Pourtant, les différences sont subtiles, et à moins d'être purement philanthrope et de ne jamais vouloir gagner d'argent plus qu'un salaire de son activité, la SPRL est pour moi presque toujours un meilleurs choix. Les deux différences principales, et ce sont presque les seules, consistent en ce que les comptes de la SPRL sont plus compliqués à tenir, mais en s'y prenant avec un comptable ce n'est pas du tout un problème, et que si la SPRL fait du bénéfice, elle peut reverser ce bénéfice à ses actionnaire (sans que ça soit obligatoire, donc on peut être philanthrope aussi !), alors qu'en ASBL on ne voit jamais la couleur de l'argent que l'on a éventuellement créé, il faut obligatoirement le réinvestir.

L'accompagnement


Je simplifie un peu (beaucoup) pour que ça ne devienne pas indigeste, mais j'explique tout cela pour que vous puissiez suivre le reste de mes explications. Moi-même j'ai vraiment découvert et compris tous ces mécanismes après de longues heures de recherches que j'ai fais à ce moment. Et une fois que j'ai bien compris comment une société fonctionne et ce qu'il faut faire pour pouvoir la créer, j'ai pu passer à l'étape suivante.

L'étape suivante, c'est mon père qui me l'a apporté, en me donnant le contact de Gaël Di Zio, qui travaille à La Maison de l'Entreprise (en abrégé, LME). LME est un organisme destiné à favoriser la création d'entreprises. Il en existe des dizaines d'autres, je suis arrivé chez eux parce que mon père travaille avec eux depuis des années. J'ai eu un premier contact avec Gaël le 18 Septembre, et nous nous sommes rencontré pour discuter de mon projet le 25 Septembre.

Gaël m'a proposé un premier plan d'accompagnement. Il allait, en une dizaine d'heures passées avec moi, m'aider à établir le plan financier et les statuts et entreprendre toutes les démarches nécessaires pour la création de la société, et ça allait me coûter environ 8 € / heure (grâce à des chèques que je pouvais obtenir auprès de la région, sans lesquels le prix normal était d'environ 33 € / heure). J'allais y réfléchir, le temps de trouver l'argent. Tout allait se passer très vite, mais je me sentais en confiance. Probablement un peu trop, maintenant que j'ai du recul.

Gaël a également activé tout de suite un levier qui est propre à ce monde de l'entreprise: le réseautage. Il se trouve qu'un autre studio d'enregistrement (Silver Ray) travaille déjà avec LME. Gaël m'a donc recommandé d'aller rendre visite au gérant de ce studio pour voir ce qu'il avait à me dire sur entrepreneuriat dans ce secteur d'activité. Je n'avais pas vraiment besoin de cet avis (je travaille déjà dans un studio depuis un an et j'ai fais beaucoup de recherches), et je ne savais pas bien quoi dire à ce mec que je n'avais jamais rencontré ("Bonjour, Gaël Di Zio de LME m'a recommandé de venir vous voir concernant mon projet d'ouvrir un studio d'enregistrement, qu'est-ce que vous pouvez bien me dire là dessus ?", me revoilà au PMS de l'école en train de chercher une option pour l'année à venir ...), mais j'y vais, pour jouer le jeu.

J'ai rencontré Benjamin Wautier, au studio Silver Ray, le 2 Octobre. Ce qu'il m'a dit alors se résume grosso modo comme ceci:

"Si j'étais toi, je ne ferais pas ça. Sur les cinq dernières années, j'ai perdu 80 % de la clientèle du studio, malgré les offres bon marché que nous avons fait. Nous avons du recentrer notre activité sur l'audiovisuel et la création d'animations vidéo pour survivre. Mais bonne chance !"
La crainte d'un nouveau concurrent ? Je ne dis pas que ce qu'il fait est mauvais, loin de là, mais son témoignage n'est pas pertinent pour moi. L'offre "bon marché" dont il parlait était l'enregistrement vidéo d'un groupe live, duquel il extrayait ensuite l'audio pour remettre un live vidéo et un EP, pour 1275 €. À l'époque de Strows, on avait payé 1500 € pour enregistrer un double EP pendant trois jours dans un petit studio (GoldFingers, celui où je suis ensuite devenu stagiaire), et c'était autre chose qu'un live, même de bonne qualité. Et le studio GoldFingers ne fait que grandir, aujourd'hui, il est très loin d'avoir perdu 80 % de sa clientèle. Moi, j'ai interprété la mésaventure comme ça:

"Ton studio veut faire de l'argent, tu n'as pas un bon relationnel avec moi donc tu n'en as probablement pas non plus avec tes clients que tu veux juste expédier en une prise live, tu présentes tes tarifs normaux comme bon marchés, et tu diriges ton studio vers l'animation plutôt que la musique à la moindre difficulté, c'est que tu ne voulais pas persévérer dans l'enregistrement studio et ton conseil est bien peu pertinent pour mon projet, mais merci quand même !"
 En vérité, ça ne m'aura que conforté dans l'idée (que je base sur mon expérience personnelle de plusieurs studios d'enregistrements) que le fait d'avoir un bon relationnel avec le client musicien est presque (j'insiste) suffisant pour avoir un studio qui fonctionne, et en tout cas vital. Ça tombe bien, j'ai un très bon relationnel avec mes clients. Ça a également commencé à confirmer l'idée nouvelle que je venais d'avoir selon laquelle il y avait probablement une multitude de petits groupes sans le sous qui ne demandent qu'à enregistrer, comme le mien l'avait été à l'époque, mais qu'il n'existait actuellement aucune offre adaptée à cette niche du secteur. Elle est probablement compliquée à exploiter, mais je tenais mon fil rouge pour la suite des choses.

Le Plan Jeunes Indépendants


J'ai revu Gaël Di Zio un peu plus tard dans la journée, pour lui faire un compte rendu de ma rencontre chez Silver Ray, qui a été vite expédié, et préciser l'arrangement que nous pourrions avoir. Justement, dans l'intervalle, à force de recherches, j'avais découvert un plan bien plus intéressant pour moi que celui qu'il m'avait proposé, le Plan Jeunes Indépendants, ou PJI.

Il existait à l'époque le Fonds de Participation, une institution fédérale destinée à aider les indépendants et les créateurs d'entreprises via divers financements, bourses, et le Plan Jeunes Indépendants. Aujourd'hui, avec la réforme de l'État en cours, le Fonds de Participation est en train de disparaître, mais si ce plan vous intéresse, sachez que des équivalences devraient être rapidement mises en place au niveau Régional. Renseignez-vous auprès d'un centre d'appui comme LME.

Le PJI était quelque chose de magique, pour moi. Destiné à toute personne de moins de 30 ans qui envisage de s'établir comme indépendant, il permet, une fois le dossier accepté (une simple formalité) d'être suivi par un centre d'appui pendant six mois pour préparer le lancement de l'activité, tous frais pris en charge (exactement ce que je voulais faire avec LME, juste un peu plus long, et LME était justement un des centres d'appui agréé par le Fonds de Participation). À l'issue des six mois de préactivité,  il est possible d'introduire une demande de prêt à des taux et des conditions très avantageux. En plus, le Fonds de Participation me verse chaque mois un défraiement (donc pas une rémunération, donc non-imposable) de 375 €, pour couvrir les différents frais que la préactivité peut engendrer (mais sans devoir justifier les dépenses).

Cerise sur le gâteau, je n'ai droit à aucune allocation de la part de l'ONEM pour le moment (puisque je suis dans mon stage d'insertion), et j'ai donc droit, pendant toute la durée de l'accompagnement, à des allocations d'établissement payées par l'ONEM. Le montant de ces allocations d'établissement est calculé de la même manière que les allocations d'insertion que je toucherais si j'y avais déjà droit (donc c'est parfaitement la même chose pour moi, si ce n'est le nom). Étant toujours domicilié chez mes parents, je touche un montant réduit de 16,36 € / jours ouvrable, ce qui fait que je ne dépasse pas le plafond légal et mes parents conservent les allocations familiales. C'était gagnant sur tous les plans.

Toutes ces considérations prises en compte, Gaël accepte bien évidement de m'appuyer via le PJI (LME, et donc lui, sont aussi subsidiés grâce à cela, n'oublions pas). Dès le 4 Octobre, j'allais à l'ONEM faire compléter des formulaires. Gaël m'a également donné un exercice à réaliser, la conception d'un modèle Canvas pour mon projet d'entreprise. Le suivi commençait. L'idée de ce modèle est grosso modo de réfléchir à tous les éléments qui entrent en compte dans la réussite d'une entreprise. J'ai donc torturé ce modèle pendant quelques temps, fais pas mal de brainstormings très exhaustifs (pouvoir penser à tout est un de mes points forts), et je me suis ainsi créé toute une série d'hypothèses de travail qu'il allait falloir tester.

J'ai complété le formulaire pour introduire la demande d'appui dans le cadre du PJI le 13 Octobre, la demande a été introduite par Gaël le 22 Octobre, et il n'y avait plus qu'à attendre la réponse que nous savions par avance positive pour continuer à avancer et que je commence à toucher un petit revenu temporaire. Dans l'intervalle, je ne suis pas resté sans rien faire.

Créer la société et récupérer la maison


Vous vous souvenez de KSS, la société immobilière gérée par mon père qui possédait la maison dans laquelle je kotais ? Après plusieurs mois de visites, une offre a finalement été faite. Cependant, cette offre était bien en dessous de ce que KSS espérait tirer de cette vente. J'ai donc commencé a réfléchir activement à une solution concrète pour pouvoir racheter cette maison grâce à la nouvelle société que j'allais créer. J'ai trouvé cette solution avec l'aide de mon père, après avoir analysé pendant de longues heures toutes les possibilités et les besoins réels de chacune des deux sociétés (KSS et la mienne à venir).

La raison principale pour laquelle KSS voulait vendre cette maison, sans entrer dans les détails, était de réduire sa dette (une maison représente une dette vis-à-vis de la banque tant qu'elle n'a pas été complètement remboursée). Il n'y avait donc pas spécialement besoin d'apporter de l'argent sonnant et trébuchant. La solution trouvée à été de faire une scission partielle de KSS. Qu'est-ce que ça veut dire ?

C'est une opération rare dans le monde de l'entrepreneuriat, l'inverse d'une fusion. Peu de gens savent comment ça fonctionne, et pourtant ce n'est pas compliqué. On prend la société de départ, KSS, qui possède toute une série de bâtiments et qui est possédée par une série d'actionnaires qui ont chacun un nombre donné d'actions (moi, j'en possède 24 sur 9309). On prend un grand couteau, et on taille d'un coup sec. On se retrouve avec deux morceaux, un gros et un petit. Le gros, ça reste KSS, avec les mêmes actionnaires et juste un petit peu moins de valeur globale. Le petit, c'est une nouvelle société.

La nouvelle société s'appelle Kots Saint-Gilles, ou KSG. On lui a cédé la maison que je voulais racheter, ainsi qu'une séries de dettes qui vont avec. La valeur de la maison - la valeur des dettes = opération blanche, il n'y a pas un sous à débourser de la part de la nouvelle société. KSS y trouve son compte, car elle a diminué sa dette comme souhaité (même si elle a aussi perdu un peu de valeur du coup, mais ça ne la dérange pas). KSG, la nouvelle société, possède donc une maison, et des dettes, notamment vis-à-vis de la banque à laquelle KSS n'avait pas encore remboursé toute la maison. Tous les mois, il faudra donc que KSG se débrouille pour payer la banque. C'est comme ça que la société va payer la maison, elle ne l'a pas obtenu gratuitement !

Ça tombe plutôt bien puisque dans la maison, il y a des kots qui rapportent des loyers. Les loyers sont des revenus faciles, mais ils demandent tout de même une certaine activité de la part de la société (et de son gérant) : il faut entretenir la maison, et trouver des nouveaux locataires tous les ans. Cette activité rapporte de l'argent, et cet argent rembourse la dette, petit à petit. Pour le moment, je ne gagne toujours rien, mais j'ai déjà fais un joli coup: je suis assuré de garder mon kot aussi longtemps que je veux (même si je dois toujours payer payer mon loyer à KSG, et que mes parents le prennent toujours en charge), et ma société est déjà créée puisqu'au passage, on a rajouté un petit 25 000 € pour dire que le capital soit là (également contrebalancé par des dettes à rembourser, donc il n'y a pas de cash), on a adapté l'objet de KSG pour qu'il englobe les activités de studio d'enregistrement que je projette de lancer, et le siège social de KSG est resté dans un des bâtiments de KSS, en Wallonie, alors que le siège d'exploitation (la maison) est à Bruxelles, pour que je puisse bénéficier des aides des deux régions (Wallonne et Bruxelloise) le cas échéant.

En outre, j'ai évité les frais de notaire en acquérant la maison puisqu'il n'y a pas eu de vente à proprement parler, et j'ai une société largement plus robuste que si je l'avais créé de zéro, puisque le capital est supérieur au minimum requis, et la société possède déjà une maison qui peut servir de garantie pour les banques si j'ai besoin d'emprunter pour acheter du matériel, et qui peut être revendue pour éponger les dettes dans le cas où je me planterais complètement. Et si je ne me plante pas, j'aurai des revenus complémentaires confortables d'ici une quinzaine d'années, quand la maison sera complètement remboursée. Enfin, pas moi, mais la société, car les actionnaires sont toujours les mêmes ceux de KSS, et dans les mêmes proportions.

En effet, comme je possédais 0,24 % de KSS, j'ai reçu autant de parts de KSG (un peu arrondi), et il en va de même pour chacun des actionnaires. Moi, je n'ai donc pas encore vraiment gagné grand chose, si ce n'est la possibilité (et c'est le plan) de racheter les actions d'un maximum d'actionnaires de KSG pour devenir actionnaire majoritaire et gérant et prendre le contrôle de ce qui sera alors ma société. Il y a 1000 parts d'une valeur de 25 € chacune. J'en possède déjà 3, il va donc falloir que je rachète au minimum 498 autres actions pour en avoir 501 et être actionnaire majoritaire. Cela représente 12 525 €, que je dois trouver. 25 000 € pour posséder 100 %.  Dans un premier temps, cela passera par des alliances avec d'autres actionnaires, et je pourrai compter sur quelques milliers d'euros, résultant des économies de toute une vie, qui vont être débloqués très bientôt, mais ça reste encore à faire.

Néanmoins, ça n'est qu'une question de temps pour que j'y parvienne, et je considère dors et déjà KSG comme étant ma société, et en possédant la société je posséderai la maison (et les dettes). Il faut repréciser qu'il s'agit d'une SPRL, et que si la société se plante, je ne risque de perdre que ce que j'aurai investi, soit maximum 25 000 €. En tant que personne physique, me planter et perdre la maison n'aurait pour conséquence que de m'obliger à trouver un nouvel appartement. Les avantages, sans les inconvénients, même si ça coûte cher.

Mettre tout ça en mouvement


Tout ce scénario, je l'ai imaginé avec mon père. L'assemblée générale extra-ordinaire de KSS a donné son feu vert pour aller dans cette direction le 28 Octobre, puis il y a eu un tas de formalités à remplir, et l'assemblée générale chez le notaire pour constituer l'acte officiel de scission et rendre tout cela effectif à eu lieu le 28 Mars, cinq mois plus tard. (Oui, c'était le même jour que Sunken Nation's First Iteration, c'était une grosse journée pour moi !) Néanmoins, il y a eu un effet rétroactif, la scission étant effective à la date du 30 Novembre, juste après la décision initiale. Cette date sert notamment à déterminer à partir de quand les comptes des deux sociétés (et donc leurs revenus et leurs dettes) sont distincts. Dans l'intervalle, encore une fois, je ne suis pas resté sans rien faire, et la plupart des contacts que j'ai eu ensuite ont été grâce à Gaël, ou sur son conseil.

Le 19 Novembre, j'ai suivi une formation sur la propriété intellectuelle (qui ne m'a rien appris).

Le 12 Novembre, j'ai eu un premier contact avec la société GéoConsult, qui réalise des études de marché, et j'ai rencontré une représentante le 25 Novembre, suite à quoi j'ai reçu le 5 Décembre une offre pour réaliser une étude de marché qualitative. Il n'était pas possible de réaliser une étude quantitative en raison de la cible très particulière que je vise (et j'ai demandé des offres auprès d'autres sociétés d'études de marché, même son de cloche).

Le 10 Décembre, j'ai reçu la réponse positive pour le PJI, qui commençait rétroactivement le 30 Octobre (j'avais donc un suivi rémunéré du 30 Octobre au 30 Avril).

Le 11 Décembre, j'ai assisté à une soirée organisée par LME, où j'ai rencontré du beau monde, et notamment le patron de GéoConsult, avec qui j'ai sympathisé. Suite à cela, il m'a proposé de faire une offre alternative pour mon projet, moitié moins chère, en contre-partie de quoi elle serait réalisée par un stagiaire (supervisé) plutôt qu'un pro. Ça m'arrangeait bien.

Le 17 Décembre, j'ai signé avec Gaël et renvoyé ma convention d'appui, officialisant mon PJI. Le lendemain, j'allais m'inscrire à la CAPAC avec les formulaires complétés de l'ONEM pour demander les allocations d'établissement auxquelles j'avais désormais droit.

La Bourse de Préactivité


Courant Janvier, j'ai commencé à m'intéresser à une nouvelle opportunité qui s'offrait à moi, bien que je connaissais son existence depuis un moment: la Bourse de Préactivité. Il s'agit d'une bourse donnée par la Région Wallonne pour aider la création d'entreprises qui ont un projet original et réaliste. Le montant de la bourse maximal est de 12 500 € et est destiné uniquement aux frais de préactivités, tels que ... l'étude de marché ! Par contre, ici, les dépenses doivent être justifiées, et le montant de la bourse ne couvre que 80 % des dépenses (il faut donc mettre 20 % de sa poche).

J'ai monté un dossier bien ficelé, avec les conseils de Gaël, et j'ai rencontré le 27 Janvier une agent de l'UCM, un des organismes qui peuvent assurer le suivi de la Bourse de Préactivité pour aider dans les formalités qui y sont liées et appuyer le dossier devant le jury. Le dossier a été rendu le 28 Janvier, la veille de la date limite. J'ai alors prévenu GéoConsult que je reviendrai vers eux pour réaliser l'étude de marché sitôt que j'aurai la réponse pour la Bourse de Préactivité, car je ne pouvais pas me le permettre autrement.

L'étude de marche en ligne


Le 10 Février, après cinq mois de silence, le Forem m'a convoqué à un second entretient afin de voir comment mon projet avançait. Il a été expédié aussi rapidement que le premier, et ils m'ont laissé tranquille depuis. J'ai également été convoqué à ma première évaluation de l'ONEM, dont j'ai été dispensé grâce au PJI. Et une évaluation positive, une !

J'ai ensuite entrepris de prendre de l'avance sur l'étude de marché (uniquement qualitative, pour rappel) en réalisant indépendamment la mienne, quantitative, celle-ci. J'ai mis en place un questionnaire en ligne, mis en page un flyer que j'ai fais imprimer en 10.000 exemplaires grâce à un sponsor au verso, lancé un événement Facebook, fais de la propagande active partout où j'allais afin d'obtenir un maximum de réponses possibles à mon étude. Mon score Klout est passé d'environ 50 à environ 57 en quelques semaines, tellement j'étais actif sur les réseaux sociaux.

J'ai reçu les flyers le 20 Février, et j'ai passé l'essentiel de mon mois de Mars (en plus de préparer le projet final de scission, de faire des projections de comptes pour tester des hypothèses et de préparer le Sunken Nation's First Iteration) à aller à la sortie de tous les concerts possible à Bruxelles et à distribuer des flyers à ceux qui ont accepté de m'aider pour les autres villes de Belgique. Ce mois là, pas un groupe ne pouvait bouger un médiator sans que je sois au courant.

Le 31 Mars, après la scission de KSS et la création de KSG, j'ai clôturé l'étude en ligne avec 73 participations exploitables, soit un résultat insuffisant pour évaluer la viabilité de l'entreprise, mais largement suffisant pour confirmer l'existence d'un marché de petits groupes sans le sous et permettre d'établir une segmentation de clients et avoir une première idée des prix praticables pour toucher ma cible. Julien, de Suasion, en analyste statistique qu'il est, a accepté de compiler mes données, et le résultat sera intégré à l'étude qualitative réalisée par GéoConsult.

L'obtention de la bourse et les finances


Il y a eu quelques couacs de communication avec Gaël, parce que concrètement plus rien ne se faisait, je ne faisais que mener mon étude de marché tout seul, et je n'avais toujours pas de réponse pour la Bourse de Préactivité, alors que le délais normal était passé depuis longtemps. On a fini par reprendre les choses en main, et on a notamment organisé un "Café Coworking" le 3 Avril, sorte de gros brainstorming avec plusieurs personnes sous la supervision d'un expert en créativité, qui était sensé m'aider à explorer de nouvelles pistes. C'était pas fort utile, parce que je suis plus balèze en brainstorming moi tout seul que toutes les personnes qui étaient là réunies, mais voilà, Gaël continue d'activer son réseau pour me faire rencontrer des gens.

J'ai obtenu confirmation de l'UCM que la Bourse de Préactivité avait finalement été accordée, et j'ai reçu le courrier officiel du ministre pour me donner les détails le 18 Avril, précédé de peu par le premier versement de la bourse (qui arrive en plusieurs fois). Je n'ai pas obtenu autant que j'avais demandé, mais j'ai obtenu autant que j'avais espéré (ça avait été calculé en fonction de la crédibilité de mon projet et de tous les critères évalués pour l'octroi de la bourse) ! Le montant de la bourse obtenue est réparti comme suit:

  • 1600 € pour la réalisation d'un plan d'affaire par un comptable
  • 1600 € pour l'acquisitions de documents légaux (conditions générales de vente, par exemple)
  • 4000 € de consultance (typiquement, l'étude de marché)
  • 400 € de frais divers

Cela couvrant 80 % des dépenses, il faudra que je rajoute de ma poche 1900 € pour justifier toutes les dépenses. Revenons un moment sur mes finances, que je n'ai pas encore détaillé jusque là. Mes parents prennent toujours en charge le loyer de mon kot et les charges. Jusque fin Janvier, il assuraient également mes arrières pour toutes les dépenses importantes que j'avais, telles que les transports, les soins de santé et les vêtements. À partir de Février, ayant déjà pu faire quelques économies grâce à mes allocations d'établissement, ils ont réduits les aides. Le loyer était toujours assuré, ainsi que 50 € par semaine, en tout et pour tout. À côté de cela, j'ai pu obtenir:

  • 6 x 375 € de défraiement du Fonds de Participation
  • 2552,16 € en tout d'allocations d'établissement

J'ai bloqué 2600 € pour les frais de préactivité (c'est plus que les 1900 € nécessaires pour la bourse, mais comme ça je suis à l'abri d'une mauvaise surprise ou d'un devis plus corsé que prévu), et le reste est prudemment gardé en réserve. En effet, depuis la fin de ma convention d'appui (soit depuis le 1er Mai, au lancement de ce blog), je ne touche plus d'allocation, et je n'en toucherai plus jusqu'à la fin de mon stage d'insertion fin Juillet. Dans l'intervalle, je vis avec les 50 € par semaine que mes parents me donnent, et sur cette réserve que je me suis constitué.


Reprise des activités


Après un long moment de blanc, j'ai donc finalement pu remettre les choses en route. J'ai rencontré la dame de l'UCM pour régler quelques formalités liées à la bourse, et revu le 29 Avril la représentante de GéoConsult pour actualiser l'offre qui avait été faite. Elle sera d'un peu plus de 6000 € en tout, donc j'ai bien fais de prévoir un peu plus que prévu sur mes fonds propres (ça rentrera quand même dans le budget). Je retourne le bon de commande signé, et je paye le premier acompte. Ici, les choses traînent un peu en longueur à nouveau. Je reçois confirmation que tout est en ordre de la part de GéoConsult le 20 Mai. Il n'y a alors plus qu'à attendre qu'ils engagent un stagiaire pour mener mon étude.

J'apprends alors que la date limite pour introduire le dossier de demande de prêt avantageux auprès du Fonds de Participation est le 30 Mai, soit à peine quelques jours plus tard. Je m'énerve alors un peu sur Gaël qui ne m'avait pas prévenu de cela, attendant simplement les résultats de l'étude de marché, mais ceux-ci n'arriveront pas à temps et j'estime donc qu'il faut introduire la demande tant qu'il est temps, quitte a l'annuler plus tard si l'étude de marché indique clairement que finalement, l'entreprise ne sera pas viable. Il me propose néanmoins une alternative, un produit financier équivalent qui est sensé remplacer celui proposé par le Fonds de Participation après sa disparition. Cela permet d'attendre les résultats de l'étude de marché avant d'introduire la demande de financement, afin d'être plus crédible auprès de la banque, et j'accepte donc, même si cela veut dire qu'il faut encore repousser la date du lancement de l'activité en attendant simplement les résultats de l'étude.

J'entreprends encore quelques démarches de mon côté, et je vais notamment à la rencontre d'un comptable pour KSG. Je suis alors convoqué le 6 Juin pour mon second entretient d'évaluation à l'ONEM. Je monte un dossier très complet, avec des documents concernant tout ce dont j'ai parlé ici, afin de justifier le fait que je ne cherche pas du tout d'emploi puisque je suis en train d'essayer de créer le mien. L'entretient s'est très bien déroulé, et l'évaluation a été positive, ouvrant ainsi mon droit à des allocations d'insertion dès la fin de mon stage d'insertion. Ce sera utile, vu le temps que l'étude prend.

En effet, j'apprends début Juin qu'une stagiaire sera auditionnée le 18, et qu'elle prendra mon étude en charge si elle est engagée. Elle a bien été prise, mais ne débutera que le 14 Juillet, date à laquelle je dois la rencontrer pour remettre les choses en route directement. Il faudra probablement quelques semaines pour réaliser l'étude proprement dite, puis encore quelques unes pour faire la demande de financement. Ensuite, il sera enfin temps de me lancer. Et en attendant, je peaufine les derniers détails du projet !

La situation actuelle


Pour résumer tout cela, j'ai mis beaucoup de temps à décider de la forme qu'allaient prendre les choses. Au final, je n'ai pas frais grand chose à par réfléchir. Si je le refaisais aujourd'hui, ça ne prendrait pas plus d'un mois, mon père le ferait en une semaine. Concrètement, j'ai fais des recherches, décidé de lancer ma société et de devenir indépendant, obtenu un accompagnement dans le cadre du PJI qui m'a rapporté quelques allocations, obtenu une Bourse de Préactivité, et commandé une étude de marché. Le vrai défi reste à venir: lancer l'activité, la rendre rentable et la faire perdurer.

Je n'ai parlé ici que de la forme, presque pas du fond et de l'activité que j'envisage de mener en elle-même. Je ne suis pas encore tout à faire arrêté sur la formule finale que j'adopterai. Je n'ai cessé de tester des hypothèses et des budgets depuis plus d'un an, et je commence à toucher au but. Je vais tenter de formuler cela correctement au plus vite, et j'en reparlerai dans un prochain billet !

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